Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Les sites élevés du Grésivaudan |
Écrit par Claude Beaudevin | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Lundi, 17 Octobre 2011 12:15 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La rive gauche de la vallée de l'Isère, entre Pontcharra et Grenoble, présente un certain nombre de sites caractéristiques quelque peu étonnants. Du nord au sud, on rencontre ainsi toute une série d'épaulements :
Voici leurs caractéristiques, telles qu'elles figurent dans le tableau des sites de l'Isère (repérés I) :
Ces sites ont donc en commun le fait d'être des sommets d'épaulements. On ne peut manquer d'être frappé par les altitudes particuliérement élevées que présentent ces formes très nettes, toutes perpendiculaires à l'axe de la vallée de l'Isère, ainsi que par le "tir groupé" sur le graphique suivant, où ils sont figurés en vert : Altitude de surface des glaciers de la vallée de l'Isère
Les caractéristiques de ces sites conduisent à envisager le passage, dans le Grésivaudan, d'un glacier de vallée, dont la surface atteignait 1850 à 1900 m, soit 400 m environ plus haut que le Riss. À quelle glaciation pouvait appartenir ce glacier - hypothétique - qui a modelé des formes si caractéristiques des actions glaciaires ? Au Mindel ? au Günz ? au Donau ? Contrairement aux formes mineures du relief glaciaire et aux dépôts, plus sensibles aux érosions interglaciaires, les épaulements sont en effet des éléments de relief pérennes, au même titre que les vallées, dont ils constituent un élément indissociable. Dans l'ignorance où nous sommes, nous nous contenterons de la nommer "glaciation ancienne". Adoptons cette hypothèse selon laquelle les épaulements ont été formés par un glacier plus ancien et plus élevé que le Riss. Jusqu'où donc cet "appareil ancien" se serait-il étendu dans ses plaines de piémont ? On sait que le Riss a déposé son vallum terminal près de Beaurepaire (consulter à ce sujet la page sur la basse vallée de l'Isère). Qu'en était-il donc du "glacier ancien" ? Supposons tout d'abord qu'il se soit avancé jusqu'à la rive gauche du Rhône, à l'altitude 180 m, soit 25 kilomètres plus loin que l'appareil rissien. Compte tenu d'un effet de lobe vraisemblable, le calcul conduit à une altitude du glacier ancien au col du Merdaret, certes supérieure à celle de son homologue rissien (1510 m), mais très inférieure à la valeur de 1850 / 1900 m indiquée par les six épaulements très élevés. Il pourrait donc sembler évident que le glacier ancien, non seulement atteignait le Rhône, mais encore s'élevait assez haut sur sa rive droite. En lui-même, le fait n'a rien d'étonnant, c'est exactement ce qui s'est passé avec le glacier rissien du Rhône un peu plus au nord, dans les environs d'Oullins. De plus, un argument plaide en faveur d'un glacier très vigoureux dans sa plaine de piémont, c'est l'existence de la Bièvre Valloire, cette large vallée qui abrite la Côte Saint André et Beaurepaire. Le fait que cette vallée conserve sa forme en auge très régulière jusqu'au Rhône montre bien qu'elle n'était pas occupée seulement par un lobe terminal, mais par un glacier de dimensions importantes.
Loin des rives du Rhône, il en était de même dans un cas qui présente une convergence de formes particulièrement remarquable avec celui de la Bièvre Valloire, la vallée du James, aux USA, qui, elle, vient buter sur le Missouri. Voici deux images satellites de cette vallée du James, au South Dakota (USA).
Mais il faut tenir compte d'un autre facteur : il ne faut pas négliger en effet la possibilité que des mouvements orogéniques se soient produits,dans la chaîne de Belledonne, depuis cette époque très ancienne et que les épaulements aient été formés à des altitudes plus faibles que leur positionnement actuel. On chiffre actuellement le soulèvement du massif de Belledonne à environ 1 mm par an. Bien que cette valeur ne soit qu'une estimation de la vitesse instantanée actuelle et que rien ne permette pour l'instant de connaître sa valeur dans le passé, l'imprécision introduite par les mouvements orogéniques rend peu précises les valeurs d'altitude pour des glaciations antérieures au Riss (1 mm par an représente 100 m par 100 000 ans ou encore 1 km par million d'années !). Il nous semble probable que les deux facteurs ont joué, c'est-à -dire que, d'une part, le glacier ancien était plus vigoureux que le glacier rissien et parvenait largement jusqu'au Rhône et que, d'autre part, les altitudes du massif étaient alors inférieures à leurs valeurs actuelles. Dans quelle mesure relative jouent ces deux facteurs, il est évidemment difficile de le savoir. Version 135 du 17 octobre 2011
Quelques années après la création de cette page, ses conclusions restent valables. Nous savons maintenant que ces sites caractéristiques « très élevés » du Grésivaudan appartiennent à la glaciation du Mindel. Bien entendu, il faut tenir compte de la possibilité de mouvements orogéniques et isostasiques. |
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Mise à jour le Vendredi, 16 Mars 2018 18:44 |