Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Détermination de l'altitude de surface d'un glacier de vallée... |
Écrit par Claude Beaudevin | ||||||||
Mardi, 23 Août 2011 19:44 | ||||||||
... ou Méthode des sites témoinsComment peut-on déterminer le tracé d'un glacier de vallée d'une glaciation à partir des sites témoins de ses deux rives ? En premier lieu, il convient d'établir, avec un programme de dessin, une esquisse, à l'échelle, de la vallée et de ses versants. On pourra s'aider pour cela de Google Maps Relief, qui a l'avantage de permettre une lecture des courbes de niveau. Sur chacun des deux versants de la vallée, les sommets envoient des arêtes vers le talweg. Sur l'esquisse on reportera, avec précision, les sites témoins - en général ce sont des sommets d'épaulements SE (rappelons qu'un épaulement est une portion horizontale ou très peu inclinée d'une arête), repérés, soit sur place à l'aide d'un GPS, soit à l'aide des cartes IGN au 1/ 25 000e consultées sur Geoportail par exemple. Rappelons comment il est possible d'identifier un épaulement sur une carte où figurent les courbes de niveau. Rappelons également qu'il existe deux modelés d'épaulements légèrement différents : épaulements simple et à pommeau.
Fréquemment, on se trouvera alors en présence d'un grand nombre de tels sites. Par exemple, plus de 80 dans le cours moyen de la Roya, qui va nous servir de base d'application. Pour déterminer lesquels d'entre eux sont utilisables, en effectuera une série de tris successifs, en appliquant les règles très simples suivantes :
A l'issue de ces trois tris ne devrait subsister qu'un seul site témoin d'épaulement par arête. Celui-ci doit se positionner d'une manière homogène par rapport aux autres sites trouvés dans les environs, sur un versant comme sur l'autre de la vallée. C'est-à -dire que les lignes qui, sur chaque rive, relient ces sites les plus élevés doivent être constamment descendantes vers l'aval de la vallée. Pour obtenir le tracé des rives du glacier, il ne reste plus qu'à ajouter quelques dizaines de mètres, 50 m par exemple, aux courbes ainsi obtenues.
Si l'on se replace par la pensée à cette glaciation maximum, celle du Mindel, l'arête sera noyée sous les glaces en dessous du site témoin retenu, alors qu'elle en émergera plus haut. S'il existe un ou plusieurs épaulements dus au passage de glace entre les deux vallées qui flanquent l'arête, on verra alors apparaître, toujours par la pensée, dominant le glacier de vallée, une vaste étendue glaciaire de laquelle émergeront une ou plusieurs cornes.
Parfois, l'utilisation des sommets d'épaulement pour déterminer l'altitude d'un glacier n'est pas possible. Ceci peut provenir du fait que, sur l'un des deux versants de la vallée, les sommets d'épaulements se présentent à des altitudes erratiques que l'on ne peut relier par une ligne continue représentative de la surface glaciaire. Nous avons rencontré ce problème récemment dans deux vallées des Alpes :
Ces deux exceptions s'expliquent si l'on considère comme nous que les épaulements ont été créés par l'action des eaux glaciaires de surface qui courent contre les flancs de la vallée. En effet, dans le cas de la bordure nord de la calotte glaciaire durancienne, les eaux glaciaires de surface ont été, du fait de la pente de la calotte, rejetées, au fur et à mesure de leur formation, contre ses autres bordures. Dans le cas de la rive gauche de la vallée de la Moyenne Romanche, qui recevait l'apport de nombreux affluents provenant du massif de la Meije, les eaux latérales de cette rive ont été rejetées contre la rive opposée. Dans les deux cas, les épaulements existants n'ont pu être créés que par des diffluences entre deux glaciers affluents voisins et ne permettent pas, par conséquent de déterminer l'altitude de la surface du glacier de vallée. Notons enfin qu'en fonction de la nature des roches qui les constituent, toutes les arêtes ne présentent pas de sites témoins. Les sites que l'on aura éliminés lors du premier tri pourront être utilisés pour tracer la surface des glaciers dans les vallées affluentes. La vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) va nous fournir un bon exemple de cette méthode des tris successifs. |
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Mise à jour le Mardi, 03 Février 2015 21:54 |