Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Les enseignements du Néron |
Écrit par Claude Beaudevin | |||||||||||||||||
Mercredi, 16 Février 2011 18:48 | |||||||||||||||||
Les glaciers du versant sud de la chartreuseAu préalable le lecteur pourra voir, sur l'excellent site de Maurice Gidon, la tectonique du Néron ou, plus généralement celle de la Chartreuse. Situons tout d'abord les lieux, c'est à dire la partie ouest de l'ombilic grenoblois. Situation du Néron dans l'ombilic grenoblois
Le glacier würmienComment ces points remarquables se placaient-ils par rapport au glacier würmien ? Sur la carte ci-dessous des environs du Néron sont figurées les courbes de niveau du glacier würmien. Les flèches indiquent le sens d'écoulement des glaces dans les vallées. On reconnaît en particulier la diffluence du glacier de l'Isère par le col de Vence, qui, grossie au passage par des glaciers locaux, retrouvait son glacier d'origine vers Saint Egréve. Dans la vallée du col de Clémencières, qui sépare le Néron du Mont Rachais, l'altitude du glacier variait de 1050 à 1100 m. Or nous avons indiqué ailleurs dans ce site que les glaciers dépassaient d'une cinquantaine de mètres le sommet des épaulements. On peut vérifier que c'est bien le cas ici pour l'épaulement 1007 m. On sait que nous attribuons la formation des épaulements à l'action des eaux glaciaires latérales qui coulaient 100 à 150 m sous la surface. Leur responsabilité dans la formation de cet épaulement nous paraît donc très probable, d'autant plus que cette zone voyait passer la majorité des eaux glaciaires du glacier de l'Isère, une grande partie des eaux de la rive gauche étant repoussées vers la rive droite, au travers de l'ombilic grenoblois, par l'afflux des glaces de la Romanche. Mais, si notre hypothèse est exacte, ces écoulements ont dû laisser des traces dans la face ouest du Néron. Or c'est bien le cas, ainsi que le montre la page sur les ravines du Néron. Ceci constitue une confirmation supplémentaire de nos hypothèses, mais n'apporte pas vraiment d'éléments nouveaux. Il n'en est pas de même lorsqu'on considère la situation pendant la glaciation rissienne. Le glacier rissienVoici à présent le tracé des glaciers rissiens dans la partie sud de la Chartreuse. A l'aplomb du col de Vence, l'altitude de surface du glacier de l'Isère était, nous l'avons vu, de 1360 m et à celui de Saint-Egrève de 1220 m. Entre ces deux valeurs, nous avons déterminé les cotes de surface du glacier à l'intérieur de la Chartreuse, par interpolation, avec une correction tenant compte de la largeur et de la profondeur des vallées ; les cotes de surface indiquées par la figure dans cette zone ne sont donc qu'approximatives et peuvent être entachées d'une erreur qui nous semble toutefois devoir ètre inférieure à 20 m (en plus ou en moins). Si cette figure est nécessaire pour comprendre la marche des glaciers, la réalité, illustrée par la figure suivante, se présentait de façon quelque peu différente ! Pratiquement tout le sud du massif était noyé sous les glaces. Seuls les principaux sommets émergeaient : Chamechaude et la Pinéa. Qu'en était-il du Néron ?
Par contre, on peut affirmer que les roches moutonnées qui culminent à 1100 m sont, de même que l'épaulement 1007m, d'origine würmienne comme le montre d'ailleurs la fraîcheur de leurs formes. L'analogie avec le Saint Eynard est frappante ! Pourtant, l'orientation des deux montagnes n'est pas la même et, surtout, les roches y sont différentes : tithonique au Saint Eynard, urgonien au Néron. Ceci confirme que, dans un cas comme dans l'autre, ce sont bien les actions glaciaires qui ont essentiellement modelé ces deux sommets.
Plus en aval, peut-on visualiser encore la surface du glacier ?
ConclusionL'examen du Néron nous paraît mettre en évidence le rôle important joué par l'érosion glaciaire dans la formation du relief. Il nous semble possible de répéter ce que nous disions au sujet du Saint Eynard : "Pour que l'arête sommitale du Saint Eynard - et, à un moindre degré, celle du Néron - soit à la fois située dans une même strate et dans le plan de surface du glacier, il faut que l'action glaciaire ait exercé, non seulement un "rabotage" de cette arête, mais encore soit responsable de de sa situation en plan". |
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Mise à jour le Mardi, 02 Janvier 2018 11:38 |