Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Le Pas d'Anna Falque |
Écrit par Claude Beaudevin | |||||
Mercredi, 12 Mai 2010 19:22 | |||||
L'examen des formes du relief proches du col de Merdaret, que l'on pourra consulter à la page sur la diffluence de Merdaret, nous a montré qu'il existait un débit appréciable d'eaux glaciaires dès l'altitude de 1800 à 1880 m - et sans doute déjà un peu plus haut - peu après le maximum du Würm. L'étude d'autres formes proches celles-ci du refuge de l'Alpe du Villard d'Arène (Hautes-Alpes), à proximité du col du Lautaret, vient corroborer ce résultat. Il s'agit d'empreintes dans les rochers, sculptées indiscutablement par le passage d'eaux courantes. Elles se situent sur un verrou rocheux de la haute vallée de la Romanche, le Pas d'Anna Falque, que gravit le sentier d'accès au refuge de l'Alpe du Villard d'Arène. Le Pas d'Anna Falque est un verrou rocheux qui barre la vallée de la Haute Romanche, entre le village de Pied du Col et le refuge de l'Alpe du Villard d'Arène (Hautes-Alpes). Le versant nord de ce verrou présente une série de sillons rocheux suffisamment remarquables pour avoir bénéficié d'une appellation locale, les Combes.
Vue d'ensemble de ce site de ces sillons rocheux des Combes. Quelques formes indiscutablement dues au passage d'eaux torrentielles... ... en particulier une marmite de géant "creusée dans le lit rocheux d'une rivière par le mouvement tourbillonnant des galets" entraînés par l'eau... ... ou encore un conduit poli par le passage de ces eaux. Il est très important de noter que ces eaux ne peuvent être celles de la Haute Romanche, toute proche, mais qui coule 60 m en contrebas. La conservation de ces formes d'érosion prouve également qu'elles ne datent pas d'une glaciation ou d'un interglaciaire antérieur au Würm. Elles ne peuvent pas non plus provenir d'écoulement récents sur les versants, ceux-ci étant recouverts d'un tapis de colluvions suffisamment épais pour qu'il ne se produise aucun écoulement superficiel. La seule explication possible à la présence de ces formes torrentielles nous paraît être la suivante :
Ce site présente un grand intérêt car la présence de telles formes d'érosion torrentielle dans un sillon rocheux n'est pas fréquente. D'une part, il nous apprend qu'à cette époque, la surface du glacier, à 2100 ou 2150 m d'altitude, était soumise à une ablation suffisante pour entraîner la production d'eaux glaciaires en quantité appréciable. D'autre part, il nous confirme dans l'opinion que les sillons rocheux sont dus essentiellement au passage d'eau. On pourra consulter à ce sujet la page sur l'origine des sillons marginaux et trouver un autre exemple d'érosion par les eaux glaciaires à la page sur le Mont Saint Eynard. |
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Mise à jour le Samedi, 25 Janvier 2020 18:34 |