Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Les icefields glaciaires |
Écrit par Claude Beaudevin |
Mercredi, 31 Mars 2010 09:30 |
Les icefields sont, classiquement, des zones englacées, couvrant moins de 50 000 km² - ce qui exclut les inlandsis - et caractérisées par une relative stagnation de la glace. Ils diffèrent des calottes locales par le fait que leurs surfaces, relativement horizontales, ne présentent pas la forme d'un dôme. Remarquons que ces deux caractéristiques sont quelque peu équivalentes : une relative stagnation de la glace signifie que celle-ci n'est pas affectée par des mouvements importants et donc que sa surface est peu inclinée. La neige tombant sur le relief se transforme tout d'abord en névé puis en glace. Après avoir stagné plus ou moins longtemps, cette glace finit par s'évacuer par un ou plusieurs points bas de son périmètre, sous forme de langues glaciaires de versant. Un icefield est influencé par la topographie sous glaciaire, au contraire des parties sommitales d'un inlandsis. Il est souvent hérissé de nunataks. Actuellement, on trouve des icefields dans diverses parties du monde (Norvège, Islande, Himalaya, Nouvelle-Zélande). Mais c'est en Alaska que l'on rencontre les plus vastes de ces appareils, tel le Juneau Icefield, encore que, avec son sommet en forme de dôme et ses 140 exutoires, il puisse s'agir d'une calotte locale. De tels icefields existaient en beaucoup plus grand nombre lors des époques glaciaires. Où aurions-nous pu en trouver dans les Alpes et quelles formes de relief nous ont-ils léguées ? Surface peu inclinée, glace stagnante, donc érosion faible. La glace jouait plutôt un rôle protecteur, aboutissant, après la disparition des glaciers, à la formation d'une surface relique. Dominant Entraunes (Alpes -Maritimes), la "coquille Saint-Jacques" régulière du Cirque de l'Encombrette abritait certainement un icefield, dont les glaces s'évacuaient par un point bas du rebord, selon la flèche bleue.
Image Google Earth
Voir avec Google Earth (coordonnées : 44°12'51" N, 6°42'16" E)
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À ce site, particulièrement remarquable, nous consacrerons bientôt une page spéciale.
Trois autres sites, qui devaient également abriter des icefields, nous présentent aujourd'hui leur surface relique : Dans le Parc National des Aigües Tortes (Pyrénées espagnoles), le Tuc Bergus, surface relique préservée de l'érosion par l'icefield qui la recouvrait, ...
... de même que le Plateau de Bure, dans les Hautes-Alpes...
... et le Mont Aiguille (Isère). Icefield or not ?La face ouest du Pic Saint-Michel, qui domine Lans-en-Vercors (Isère), a été présentée (Monjuvent) comme recouverte jadis par un icefield.
Selon la définition donnée ci-dessus, il apparaît que ce n'est pas le cas, ainsi que le montre cette photo prise sur une piste de fond. La pente de cette face ouest, partie gauche de la photo, est en effet loin d'être horizontale. À droite de la photo, la pente inverse est le flanc d'une petite moraine, hors photo. Mais le relief d'ensemble de ce versant du Pic Saint-Michel est assez plan et très différent de celui d'une vallée ou d'un cirque glaciaire. Ne pourrait-on considérer que cette face abritait jadis un icefield lato sensu et réserver la définition qui précéde aux icefields stricto sensu ? |
Mise à jour le Dimanche, 22 Avril 2012 16:18 |