Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Ravinements dus à l'action des eaux glaciaires latérales de deux glaciers lors de leur confluence |
Écrit par Claude Beaudevin | |||||||||||||||||||||||||||||||
Jeudi, 30 Octobre 2014 20:33 | |||||||||||||||||||||||||||||||
Pour faciliter les comparaisons, nous présentons à nouveau les images des ravinements qui figurent à la page sur les ravinements, œuvre des glaciers, accompagnées ici de commentaires plus complets ... ou ravinements du Type BCes reliefs se forment lorsque deux glaciers, s'écoulant dans deux vallées voisines séparées par un relief, confluent à l'extrémité de celui-ci ; leurs eaux glaciaires latérales se réunissent alors, donnant naissance parfois à ce que nous avons appelé ailleurs dans ce site ravinement d'affrontement. Le relief préexistant à la glaciation se présente sous la forme d'une crête séparant deux vallées, chacune d'entre elles abritant un glacier. Les deux glaciers confluent lorsque la crête s'abaisse.
Les eaux glaciaires latérales de chaque vallée se réunissent à l'extrémité de la crête, à la confluence des glaciers. Jusqu'à cette confluence, les eaux glaciaires de chacun des glaciers s'écoulaient, contre les versants de chaque vallée, en empruntant les moulins de rive et les conduits sensiblement horizontaux qui s'y situent. Mais, lorsqu'elles se rejoignent, cette possibilité d'écoulement contre les versants prend fin. Deux possibilités sont alors offertes aux eaux glaciaires pour continuer à s'écouler :
Un ravinement du type B prendra alors naissance, si toutefois la nature du terrain s'y prête, en dessous du point de rencontre des deux glaciers lorsqu'ils sont devenus tempérés au cours du cataglaciaire, alors qu'ils occupaient encore leur position du pléniglaciaire. Voir à ce sujet la page sur la convergence des altitudes atteintes par les glaciers dans les parties hautes des vallées. Formation d'un ravinement de type B à la confluence de deux glaciersUltérieurement, à chaque stade de repli au cours du cataglaciaire, les eaux glaciaires latérales de chaque glacier, avant de se rejoindre au milieu du ravinement, inciseront sur ses bords des ravines latérales, bien visibles dans le paysage actuel.
Le ravinement du Colombier
Les glaces qui venaient de franchir le col d'Hurtières s'épandaient sur les versants sud et sud-ouest de la montagne. Une partie (repère 4) rejoignait le glacier du Drac (repère 5) vers 1890 m. Une autre partie (repère 6) s'écoulait contre le versant sud-ouest de l'arête Côte Belle/Colombier, franchissait l'arête nord-ouest du Colombier et rejoignait le flux principal du glacier du Drac (repére 1a) qui venait de contourner l'arête nord-est. Les eaux glaciaires latérales de ces deux flux de glace (1a et 6), réunissant leurs débits, ont donc, dans leur descente vers le fond d'auge, donné naissance au ravinement du Colombier. Toutes les conditions, y compris celle de la quasi-horizontalité de l'arête Côte Belle/Colombier, étaient en effet remplies pour que prenne naissance ici un ravinement du type B. Ce ravinement s'est amplifié pendant toute la durée du cataglaciaire et des ravines, visibles sur la vue précédente, sont apparues sur ces deux rives lors de chacun des stades de repli du glacier. Voici d'autres exemples de ravinements de ce type B qui s'expliquent selon des schémas analogues faisant intervenir deux glaciers circulant de part et d'autre d'un relief. Le ravinement de la Tête de la BauVoici un autre exemple de ravinement du type B, qui culmine à la Tête de la Bau, dans la vallée du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), extrémité inférieure du contrefort sud-ouest du Pic des Têtes.
Par ailleurs, la rive droite du vallon du Galèbre présente une succession de ravinements dont l'altitude, lorsqu'on le remonte, s'accroît régulièrement de 1710 m, pour le ravinement de la Tête de la Bau, jusqu'à atteindre 2500 m sous le sommet du Pic des Têtes (2662 m). En aval, ce glacier confluait avec celui du Bès, lui-même affluent du glacier de la Blèone, qu'il rejoignait dans les environs de La Javie. La prise en compte de ces ravinements permet de visualiser la surface du glacier qui remplissait ce vallon du Galèbre au Mindel. (étude en cours) La Montagne des Chalmettes
La pointe de Pralognan
Le ravinement de la Moulière
Tous les ravinements du type B ne présentent pas une forme aussi remarquable que celle des exemples qui précèdent. Nous verrons dans la page les ravines des Achards (en cours de rédaction), que dans certains cas, seule une étude détaillée des modalités de sa formation peut permettre de déterminer qu'un ravinement appartient bien à ce type. Tracé de l'arête séparative des deux glaciersOn remarquera que, dans tous les cas de ravinements de ce type B qui vienne d'être décrits, l'arête qui sépare les deux glaciers est sensiblement horizontale ou légèrement ascendante sur une certaine longueur en amont du ravinement, ce qui est une constante pour ces ravinements du type B et s'explique aisément. En effet, s'il n'en était pas ainsi et si l'arête avait présenté un ensellement, ou un col, en amont du ravinement, les eaux glaciaires latérales des deux glaciers auraient pu se rejoindre en l'empruntant. C'est donc à cet endroit que le ravinement se serait alors formé. Examinons maintenant deux cas particuliers, qui conduisent tous deux à la même forme d'érosion : celui de deux glaciers de vallée s'affrontant face à face et celui d'un massif isolé. Affrontement de glaciersQue se passe-t-il lorsque deux glaciers de vallée, lors de leur confluence, se rencontrent face à face, s'affrontent en quelque sorte - d'où le nom de ravinements d'affrontement que nous avons parfois utilisé dans ce cas ? Ce cas est actuellement peu fréquent, mais il se rencontrait plus souvent, semble-t-il, lors des glaciations anciennes. Le processus de formation de ces ravinements est le même, pensons nous, que celui que nous venons de décrire dans dans le cas général et nous ne reviendrons donc pas sur lui. Mais Il arrive parfois que les eaux stationnent dans un lac à la surface du glacier, avant d'en ressortir en s'évacuant, soit par l'intérieur du glacier, sur la surface d'écoulement intra glaciaire, soit contre le flanc d'auge, ainsi que décrit ci-dessus.
Qu'elles aient ou non transité par un lac, les eaux pouvaient ensuite s'évacuer selon l'une ou l'autre possibilité exposées ci-dessus. Dans le cas où elles descendaient entre glace et rocher, elles donnaient naissance à un ravinement du type B. Nous proposons comme exemple d'un tel ravinement dû à l'affrontement de deux glaciers face à face, celui de la Combe Charbonnière, à l'intérieur du Vercors (Isère). La Combe CharbonnièreAu-dessus de Corrençon-en-Vercors (Isère) se situe un relief remarquable, la Combe Charbonnière, que nous pensons imputable à l'affrontement de deux glaciers.
D'où provenait donc la glace capable de donner naissance à un relief d'une pareille importance ? Etait-ce celle du glacier intérieur du Vercors ? Mais au cours des deux dernières glaciations, Riss et Würm,la pénétration des glaces du glacier de l'Isère à l'intérieur du Vercors ne dépassait pas Lans-en-Vercors.
On aura remarqué qu'il ne s'agit par là exactement d'un ravinement, mais d'un ravin, limité sur sa rive gauche par une falaise de calcaire urgonien, suivant le tracé d'une faille. Nous avons bien précisé plusieurs fois que les ravinements prennent naissance sous l'action d'un flux d'eau important, mais à condition que la nature du terrain s'y prête. Ce n'était pas le cas ici, vu la compétence de celui-ci. Cas d'un massif isoléLors de la création d'un ravinement d'affrontement, les deux glaciers qui s'affrontent peuvent être deux branches d'un même appareil. Ceci se produit lorsqu'un glacier rencontre sur son chemin un massif isolé. Il se divise alors, sur la "proue" du massif, en deux branches qui encerclent celui-ci et qui se retrouvent, affrontées, sur la "poupe".
Mentionnons enfin quelques autres ravinements du type B, que nous n'avons pas étudiés jusqu'à présent en détail :
Autres types de ravinements
Nous avons également identifié d'autres types de ravinements dus à l'action des glaciers et à l'écoulement de leurs eaux glaciaires, comme :
ainsi que des ravinements non dus à un glacier de vallée.
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Mise à jour le Samedi, 14 Novembre 2015 16:49 |