Deux reliefs révélateurs : les deux reliefs que nous allons étudier constituent deux illustrations parfaites de ce que nous évoquions à la page sur les versants d'érosion glaciaire. Ces deux échines, situées toutes deux à l'est du massif des Grandes Rousses, présentent sensiblement la même orientation et des altitudes comparables. La plus méridionale, l'échine de Praouat, encore appelée Longue Echine, court parallèlement à l'arête faîtière des Grandes Rousses, s'élevant comme elle du sud au nord, mais 1000 m environ plus bas.
L'échine de Praouat (Vallée de la Romanche, Isère)
Cette photo, prise depuis le versant est des Grandes Rousses, montre l'échine taillée dans les schistes jurassiques et visiblement modelée par le passage de glaciers. Il subsiste d'ailleurs à certains endroits de la crête des lambeaux de terrains glaciaires.
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La photo montre très clairement que les versants d'érosion ne montent pas jusqu'à la crête, leurs sommets se situant une quarantaine de mètres plus bas, sauf pour le versant d'érosion 3 (non visible sur la photo), nous en verrons la raison plus loin.
De plus, depuis la fonte des glaciers rissiens, ces versants ont été attaquées par l'érosion interglaciaire et postglaciaire. Il est donc certain que, lors de leur formation, les versants d'érosion culminaient plus bas encore sous la crête.
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Le schéma de formation des versants d'érosion nous paraît avoir été le suivant :
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Les glaciers, qui pendant le Riss, descendaient sur le versant est des Grandes Rousses venaient se heurter à l'Échine de Praouat. Ils la franchissaient au pléniglaciaire, ainsi que le montre la présence sur l'arête des lambeaux de terrains glaciaires, que leur état de conservation permet de dater d'une glaciation plus ancienne que le Würm donc vraisemblablement rissienne.
Lorsque, au cataglaciaire rissien, la glace a cessé de franchir la crête, les eaux glaciaires, qui coulaient à une centaine de mètres sous la surface du glacier, selon le trajet jalonné de flèches jaunes, se sont donc écoulées contre le versant ouest de l'Echine où elles ont donné naissance aux versants d'érosion 1 et 2. Quant au glacier qui, plus au sud, descendait en face du versant d'érosion 3, il surmontait largement l'Échine, moins élevée à cet endroit. Les eaux de fonte pouvaient alors franchir plus facilement la crête et marquer leur empreinte jusqu'à son sommet.
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L'échine du Crêt d'Ornon (Vallée de l'Arc, Savoie)
Des érosions de versants identiques, tant en forme qu'en altitude, existent en Savoie, sur une échine analogue à celle de Praouat, mais située au nord de celle-ci, versant nord du col de la Valette : l'échine du Crêt d'Ornon. Notons au passage que cette appellation n'a rien à voir avec celle du col d'Ornon, dans la vallée de la Romanche (Isère).
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Ici également, on peut remarquer que les érosions de versant culminent à une vingtaine de mètres sous la crête. Les deux érosions les plus marquées, à gauche de la photo, se situent en face du débouché de la branche du glacier de Saint Sorlin qui empruntait le col Nord des Lacs et le ravin du Rieu Blanc.
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Nous en tirerons les mêmes conclusions que celles formulées ci-dessus relatives à l'échine de Praouat en ce qui concerne l'initiation de ces versants d'érosion de l'échine du Crêt d'Ornon par les eaux glaciaires.
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