... et j'allais oublier la gélifraction ! Pour classer les choses dans l'ordre, disons que celle-ci s'attaque aux roches microfissurées, qu'elle débite en fragments anguleux. Au pied d'une falaise, elle sculptera les abris sous roche dont nous parlions plus haut.
La gélifluxion (ou cryoturbation) reprend ces débris ainsi que les éléments sableux et terreux et, lors des cycles gel-dégel, les déplace en profitant de la déclivité locale. La solifluxion, quant à elle, ne fait pas intervenir de phase « glace » et n'est donc pas typique des phénomènes périglaciaires. En montagne, il n'est toutefois pas toujours facile de distinguer l'action de la gélifluxion de celle de la solifluxion.
Gélifraction et "rivière de rochers"
La gélifraction découpera « en tranches de rôti » les blocs isolés.
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Si ceux-ci reposent sur un sol horizontal, les fragments ainsi séparés demeureront groupés, c'est le cas de ce bloc de gneiss débité par le gel dans le Tessin (Suisse).
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Si, par contre, le sol est incliné, les fragments s'espaceront dans la pente, comme on le voit ici sur une formation au-dessus du Grand lac de l'Oule (vallée de la Clarée, Briançonnais).
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A la limite, si la taille du bloc qui a donné naissance aux fragments est assez importante, les éléments qui en ont été détachés par le gel pourront donner naissance à une longue coulée rocheuse que, par analogie avec des formations analogues du Sidobre, nous avons appelé «rivière de rochers».
Après donc avoir été arraché par le gel au bloc d'origine, la « carrière », les éléments rocheux s'écoulent dans la pente, avançant légèrement à chaque cycle gel-dégel.
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La « rivière de rochers » ne se mélange pas aux terrains environnants. Photo prise au dessus du col Vieux (Queyras, Hautes-Alpes).
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Gélifluxion, solifluxion et blocs laboureurs
La gélifluxion et la solifluxion à présent.
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Un sol soumis à la gélifluxion - et à la solifluxion - sous le col des Estronques (Queyras, Hautes-Alpes) (2651 m). On voit les loupes de gélifluxion.
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Non loin de là , un bloc laboureur descend la pente. Ce bloc, de 2 m3 environ, repose sur un sol sans grande cohésion et souvent humide. A chaque cycle gel-dégel, il descend lentement la pente, repoussant devant lui un bourrelet. La végétation qui recouvre l'avant de celui-ci montre bien l'extrême lenteur du mouvement.
A l'arrière du bloc se creuse un sillon...
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... mis à profit par d'autres blocs pour suivre leur "locomotive", une « rivière de rochers » peut prendre naissance.
Le personnage donne l'échelle.
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... et les pieds de vache
Ces pieds de vache photographiés sur la moraine de Cholonge (Isère), au col du Fond des Sciaux (1234 m), ne doivent rien - ou peu - à la circulation de ces bestiaux ! Il s'agit, ici encore, d'une forme due à la gélifluxion, associée à la présence de végétaux.
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Ou encore ceux-ci, sous le Mont Jovet (Savoie), avec, en magnifique toile de fond, la Grande Motte (à gauche) et la Grande Casse à droite).
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... enfin, les terrassettes
... parfois aussi appelées sols à guirlandes, près du lac des Rochilles en Savoie.
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