Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Du glacier Hubbard à celui de la Bonne |
Écrit par Claude Beaudevin | ||||||||||||||
Jeudi, 07 Avril 2011 17:54 | ||||||||||||||
Le glacier HubbardLe glacier Hubbard (Alaska) est le plus grand des glaciers nord-américains aboutissant dans l'océan. Il s'est épaissi et avancé depuis sa première cartographie en 1895 au contraire de beaucoup d'autres. Plus de détails sur ce comportement surprenant à la page sur les glaciers vêlants. Il présente une particularité qui peut nous aider à comprendre l'importance de l'érosion par les eaux glaciaires et en particulier comment se sont formés les versants d'érosion glaciaire.
La débâcle du lac Russel en août 2002
On sait que le pouvoir érosif d'une rivière ou d'un torrent s'accroît énormément pendant les crues. On peut donc imaginer l'importance de l'érosion entraînée sur les rives lors d'une telle débâcle. Mais un autre point doit retenir notre attention :
Toutefois, on peut remarquer que le Hubbard est un glacier "vêlant", c'est-à -dire que sa langue terminale flotte. Que se passerait-il si ce n'était pas le cas ? A peu près la même chose, car plus près de nous, dans les Alpes cette fois, des débâcles analogues se sont produites. Nous leur avons consacré une page sur l'écoulement des lacs glaciaires, sur laquelle nous ne reviendrons ici que pour en citer les conclusions. Les débâcles du Gietro...Le Gietro est un glacier valaisan qui, lors de ses crues, vient obturer la vallée de la Dranse. Entre 1806 et 1818, il donna naissance à un lac au fond du Val de Bagnes, lac long de 2 km. On décida de percer dans la glace une galerie juste au-dessus du niveau du lac, espérant que l'eau, une fois arrivée au niveau de la galerie et s'y écoulant, agrandirait peu à peu celle-ci et que le lac se viderait de lui-même. Les choses se passèrent effectivement ainsi au début, mais après vidange du tiers du volume du lac, la tranchée se creusa rapidement et la masse d'eau sortit avec une telle furie que, dans la demi-heure, le lac fut entièrement vidé. Cette débâcle causa une quarantaine de morts. Conséquence secondaire probable, selon nous, de cette débâcle, création ou amplification du versant d'érosion situé en face du glacier, les Rochers de Pierre à Vire. Car cette débâcle n'était pas la première connue par ce lac. En 1595 déjà , une précédente avait causé plus d'une centaine de morts dans le Val de Bagnes et jusqu'à Martigny. ... et celles du lac de MärjelenEgalement en Suisse, mais cette fois sur la rive gauche du célèbre glacier d'Aletsch, à 7 km en aval de la Concordiaplatz, s'embranche la courte vallée de Märjelen. Au cataglaciaire, un lac vint occuper cette vallée, lac de barrage par le glacier d'Aletsch et aujourd'hui réduit à peu de chose. Il offre la particularité de se vider, de temps en temps, subitement et presque complètement. On rapporte effectivement 38 crues catastrophiques entre 1813 et 1913. En 1892, il se vida de ses 7 millions de mètres cubes en trente heures soit un débit moyen de 70 mètres cubes par seconde. On est loin, bien entendu des débits mesurés au lac Russel, mais, la configuration des lieux est sensiblement la même et il s'agit bien du même phénomène. En conclusionLa débâcle d'un lac glaciaire, avec ses conséquences désastreuses et ses effets érosifs brutaux apparaît donc comme présentant souvent r un caractère cyclique. Celui-ci, bien entendu, peut résulter de phases successives dans le mouvement du glacier, oscillant entre avancées et reculs. Mais on peut également penser que, tout particulièrement dans le cas des glaciers alpins dont la langue terminale ne flotte pas et repose sur le sol, les cycles peuvent se produire sans mouvement appréciable du front glaciaire, par succession des phases suivantes :
Il en serait sans doute autrement dans le cas d'un glacier vêlant. On conçoit que la répétition de telles débâcles, génératrices d'érosions intenses, constitue un mode d'érosion glaciaire très important. Mais il y a beaucoup plus spectaculaire encore ! Certaines débâcles ont donné naissance à des écoulements dont le débit dépasse l'imagination, telle celle du lac Missoula (Etat de Washinton, USA), responsable des scablands ou encore celle de l'Altaï (Russie). Nous leur avons consacré uns page spéciale : Les débacles gigantesques. |
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Mise à jour le Lundi, 14 Mars 2016 18:28 |