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Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) Présentation et mise en page Bruno Pisano 

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Les versants d'érosion glaciaires d'Ornon PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Administrateur   
Samedi, 05 Mars 2011 20:35
Version 115 du 26 août 2009

Le versant d'érosion de la Buffe (repéré 4) semble toutefois faire exception : il culmine à 1780 m, nettement plus bas que l'altitude du glacier rissien de la Lignarre, qui s'élevait à 1850/1900 m environ, ainsi que le montre la carte suivante :

Pour plus de détails, voir la page sur le bassin du Drac.

Quelle peut être la cause de cette divergence avec les résultats précédents ?

Col d'Ornon

Les deux versants d'érosion d'Ornon (vallée de la Lignarre)

Situation des versants d'érosion d'Ornon (4 et 4bis)

Versants d'érosion d'Ornon
Image Google Earth

Voir avec Google Earth (coordonnées : 45°03'43" N, 5°58'24" E)

(Si Google Earth n'est pas installé sur votre poste, suivez la procédure indiquée ici)

L'observation plus attentive du paysage montre qu'en réalité, outre le versant d'érosion très impressionnant de la Buffe (4) qui s'élève à 1780 m, il en existe un autre (4 bis), situé un peu plus à l'ouest et un peu plus haut et qui culmine, lui, aux environs de 1850 m.

Les versants d'érosion d'Ornon

Ce versant d'érosion d'Ornon 4 bis est moins spectaculaire que son voisin de la Buffe, dont les schistes aux reflets argentés monopolisent le regard.

 

Son aspect est beaucoup plus "patiné" et il est envahi par endroits, par la végétation.

Un des versants d'érosion d'Ornon

Ces altitudes, rapportées à celles de sites témoins voisins, montrent que le versant d'Ornon est d'origine rissienne, (ce glacier s'élevant à 1850 / 1900 m), alors que celui de la Buffe est à rapporter au glacier würmien, une centaine de mètres plus bas. Mais examinons de plus près le terrain à proximité du sommet de ce versant d'érosion de la Buffe.

Le versant d'érosion de la Buffe

La photo montre, à gauche du versant d'érosion, c'est-à-dire en direction du sud-ouest, l'existence d'un plan d'épaulement, descendant vers l'amont de la vallée de la Lignarre. Son extrémité supérieure cote 1750 m. Ces deux caractéristiques, altitude et sens de déclivité du plan d'épaulement montrent qu'il est d'origine würmienne. Or, on sait que l'altitude de surface d'un glacier était supérieure de quelques dizaines de mètres à celle du sommet du plan d'épaulement qu'il a créé.

Ceci confirme - s'il en était besoin - l'origine glaciaire de ces versants d'érosion et corrobore bien notre conclusion générale que les sommets des versants d'érosion se situent à quelques dizaines de mètres sous l'altitude de surface du glacier.

Mais pourquoi les deux glaciations rissienne et würmienne ont-elles créé ici deux versants d'érosion distincts alors que, dans le cas général, ils sont confondus ? La cause est à rechercher, nous semble-t-il, dans les conditions très particulières de circulation de ces deux glaciers dans cette vallée.

Ainsi que nous l'avons vu à la page sur l'altitude atteinte par les glaciers dans le bassin du Drac, au maximum du Riss, la vallée de la Lignarre était parcourue, du sud vers le nord, par un glacier provenant du Rochail. Au droit d'Ornon, l'altitude des glaces était donc supérieure à celle que l'on observait dans l'ombilic du Bourg d'Oisans. Durant le Würm, par contre, l'écoulement se faisait en sens inverse, de la Romanche vers le Drac.

Au droit d'Ornon, la différence de niveau H entre les deux glaciers était donc supérieure à la valeur h qu'elle présentait dans l'ombilic du Bourg d'Oisans ; on peut l'estimer à une centaine de mètres au lieu d'une cinquantaine.

Glaciers rissien et würmien d'Ornon

Nous voyons là une explication au fait que, dans cette vallée de la Lignarre, les versants d'érosion rissien et würmien sont distincts alors que, dans l'ombilic du Bourg d'Oisans, il n'est pas possible de distinguer clairement l'action des deux glaciations.


Mise à jour le Dimanche, 06 Mars 2011 15:06