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Les paysages glaciaires Les paysages glaciaires

L'altitude des glaciers

Au Würm et au Riss

Les glaciers du Mindel

Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) Présentation et mise en page Bruno Pisano 

  Certains mots à la signification spécifique sont écrits en bleu et soulignés en pointillés. Si vous laissez la souris dessus, une info-bulle affichera leur définition.

 
Altitude d'apparition des eaux glaciaires à la surface d'un glacier quaternaire PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Claude Beaudevin   
Mardi, 13 Avril 2010 17:57
Version 122 du 21 janvier 2011

Cette question a fait l'objet de nombreuses études. Nous pensons cependant pouvoir apporter quelques éléments nouveaux dans ce domaine, à la suite d'observations effectuées sur le terrain.

Les ravines du col de la madeleine

Pour commencer, rendons-nous au col de la Madeleine (Savoie), entre Isère et Arc, où nous pourrons observer des ravines de diffluence.

On sait que nous attribuons la formation de ce type de relief à des écoulements d'eaux glaciaires au front d'une diffluence. Voici la première d'entre elles, basée sur l'existence de ravines de diffluence au col de la Madeleine (Savoie), entre Isère et Arc.

 

Voici trois de ces ravines, qui entaillent le versant Maurienne du col.

Les ravines du col de la madeleine

La distance du col au vallum frontal du glacier de l'Isère est de 138 km par le versant sud du col et la vallée de l'Arc et de 169 km en suivant le versant nord et la vallée de l'Isère ; la largeur de ces vallées au niveau supérieur des glaces étant du même ordre de grandeur, les glaces s'élevaient donc plus haut au nord qu'au sud du col. Au maximum de la glaciation, celui-ci était alors emprunté, en direction de la vallée de l'Arc, par une diffluence du glacier de l'Isère, grossi des glaciers du Grand Pic de la Lauzière et du versant nord du Cheval Noir.

La prise en considération de plusieurs rebords d'auge qui, versant nord du col, jalonnent la vallée de l'Eau Rousse en direction de l'Isère, ainsi que celle d'un sommet d'épaulement IA5 qui cote 2185 m à l'est du col nous amènent à attribuer une altitude de l'ordre de 2250 m au glacier rissien au-dessus du col et un peu moins pour le glacier würmien. Cette valeur est d'ailleurs parfaitement cohérente avec notre graphique "Altitude atteinte par les affluents de l'Isère". L'altitude du col étant de 1993 m, l'épaisseur de glace sur le col lors des pléniglaciaires des deux dernières glaciations était de l'ordre de 200 à 250 m. Le col était alors parcouru par une diffluence dans le sens Isère/Arc. Les eaux glaciaires latérales rive gauche du glacier de l'Isère, coulant une centaine de mètres sous la surface, ont donc emprunté pendant quelque temps le versant Maurienne du col, dans lequel elles ont creusé ces ravines.

 
L'existence de ces ravines de diffluence du col de la Madeleine montre donc que, peu de temps après le pléniglaciaire würmien – puisque le niveau du glacier n'avait encore baissé que de 100 à 150 m – les eaux glaciaires présentaient, à l'altitude de l'ordre de 2000 m, un débit suffisant pour donner naissance à ce type de relief, encore très marqué dans le paysage.
 

Second site d'observation, les ravines du col de Merdaret, page à laquelle nous renvoyons le lecteur pour n'en retenir ici que les conclusions : « Ces ravines du col de Merdaret prennent naissance entre 1800 et 1880 m, prouvant ainsi que la fusion du glacier würmien était déjà alors intense à cette altitude, donc qu'elle débutait un peu plus haut. »

Enfin, les formes d'érosion originales visibles au Pas d'Anna Falque conduisent à des constatations analogues.

Conclusion

 
Ces observations, ainsi que d'autres plus parcellaires effectuées en d'autres lieux, nous amènent à penser que, peu après le pléniglaciaire würmien, le débit des eaux glaciaires aux environs de 2000 m d'altitude était déjà suffisant pour imprimer dans le relief des formes qui ont pu subsister jusqu'à nos jours.
 
La vallée glaciaire de l'Unteraar en Suisse
La vallée glaciaire de l'UnterAarGletscher dans le Valais Suisse

Par exemple, la vallée de l'Unteraargletscher, au-dessus du  Grimselsee (Valais, Suisse) présente un plan d'épaulement suivi, en aval, par un épaulement dont l'altitude s'étage de 2080 à 2130 m. Dans le coin inférieur droit de cette photo, cachés en partie par les inscriptions, on aperçoit les départs de plusieurs sillons creusés dans le rocher.

L'image suivante les montre dans toute leur hauteur.

 

Ces sillons ont été visiblement creusés par les eaux et non par une abrasion due à la glace. L'absence, à leur amont, de bassins d'alimentation montre qu'il s'agissait d'eaux glaciaires et non d'eaux météoriques. Ces sillons rocheux sont donc des ravines d'épaulement.

La ravine isolée à droite, la plus élevée, prend naissance à 2300 m environ, soit à peu près 100 m en dessous du point inférieur du plan d'épaulement.

Les ravines d'épaulement de l'UnterAarGletscher dans le Valais Suisse
Les ravines de l'UnterAarGletscher en Suisse
Image sensible au passage de la souris
Image GoogleEarth

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Mais il y a plus ! À d'autres endroits des Alpes, nous avons identifié des formes que nous avons attribué à l'action des eaux glaciaires, à des altitudes encore bien supérieures.

 

La vallée glaciaire de l'OberAarGletscher dans le Valais Suisse
Plan d'épaulement de l'OberAarGletscher en Suisse
Image sensible au passage de la souris
Image GoogleEarth

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Par exemple, la vallée de l'Oberaargletscher, en amont de la vue précédente de l'UnterAarGletscher (Valais, Suisse) présente un plan d'épaulement dont le sommet se situe à une altitude de l'ordre de 3000 m.

 

Il peut paraître peu vraisemblable qu'ait pu régner ici, au pléniglaciaire du Würm, une température suffisante pour entraîner l'apparition, à une altitude de l'ordre de 2800 m, d'une fusion importante. Une autre explication nous paraît plus admissible.

On rencontre en effet, dans certaines vallées, des rebords d'auge, des épaulements, des plans d'épaulement ou des ravines de diffluence situés à des altitudes telles qu'il semble impossible, à première vue, que la température y ait permis une fonte de surface importante. Mais il faut tenir compte du fait que ces écoulements, s'ils se sont effectivement produits à l'altitude atteinte lors du pléniglaciaire du Mindel, ont pu avoir lieu bien après le moment de celui-ci, donc à une époque où la température s'était nettement adoucie.

De plus, à chacune des glaciations suivantes, le glacier est remonté sensiblement à la même altitude et, après le moment de chaque pléniglaciaire, ses eaux glaciaires ont poursuivi l'œuvre d'érosion commencée au Mindel.

Plus de détails à la page sur la convergence des altitudes des glaciers dans le haut des vallées.

La connaissance de l'altitude d'apparition des eaux glaciaires se révèle nécessaire pour déterminer quel rôle elles ont joué dans la formation des vallées en auge.

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Mise à jour le Dimanche, 30 Octobre 2016 11:27