Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Altitude d'apparition des eaux glaciaires à la surface d'un glacier quaternaire |
Écrit par Claude Beaudevin | |||||||||||
Mardi, 13 Avril 2010 17:57 | |||||||||||
Cette question a fait l'objet de nombreuses études. Nous pensons cependant pouvoir apporter quelques éléments nouveaux dans ce domaine, à la suite d'observations effectuées sur le terrain. Les ravines du col de la madeleinePour commencer, rendons-nous au col de la Madeleine (Savoie), entre Isère et Arc, où nous pourrons observer des ravines de diffluence. On sait que nous attribuons la formation de ce type de relief à des écoulements d'eaux glaciaires au front d'une diffluence. Voici la première d'entre elles, basée sur l'existence de ravines de diffluence au col de la Madeleine (Savoie), entre Isère et Arc.
La distance du col au vallum frontal du glacier de l'Isère est de 138 km par le versant sud du col et la vallée de l'Arc et de 169 km en suivant le versant nord et la vallée de l'Isère ; la largeur de ces vallées au niveau supérieur des glaces étant du même ordre de grandeur, les glaces s'élevaient donc plus haut au nord qu'au sud du col. Au maximum de la glaciation, celui-ci était alors emprunté, en direction de la vallée de l'Arc, par une diffluence du glacier de l'Isère, grossi des glaciers du Grand Pic de la Lauzière et du versant nord du Cheval Noir. La prise en considération de plusieurs rebords d'auge qui, versant nord du col, jalonnent la vallée de l'Eau Rousse en direction de l'Isère, ainsi que celle d'un sommet d'épaulement IA5 qui cote 2185 m à l'est du col nous amènent à attribuer une altitude de l'ordre de 2250 m au glacier rissien au-dessus du col et un peu moins pour le glacier würmien. Cette valeur est d'ailleurs parfaitement cohérente avec notre graphique "Altitude atteinte par les affluents de l'Isère". L'altitude du col étant de 1993 m, l'épaisseur de glace sur le col lors des pléniglaciaires des deux dernières glaciations était de l'ordre de 200 à 250 m. Le col était alors parcouru par une diffluence dans le sens Isère/Arc. Les eaux glaciaires latérales rive gauche du glacier de l'Isère, coulant une centaine de mètres sous la surface, ont donc emprunté pendant quelque temps le versant Maurienne du col, dans lequel elles ont creusé ces ravines.
Second site d'observation, les ravines du col de Merdaret, page à laquelle nous renvoyons le lecteur pour n'en retenir ici que les conclusions : « Ces ravines du col de Merdaret prennent naissance entre 1800 et 1880 m, prouvant ainsi que la fusion du glacier würmien était déjà alors intense à cette altitude, donc qu'elle débutait un peu plus haut. » Enfin, les formes d'érosion originales visibles au Pas d'Anna Falque conduisent à des constatations analogues. Conclusion
Il peut paraître peu vraisemblable qu'ait pu régner ici, au pléniglaciaire du Würm, une température suffisante pour entraîner l'apparition, à une altitude de l'ordre de 2800 m, d'une fusion importante. Une autre explication nous paraît plus admissible. On rencontre en effet, dans certaines vallées, des rebords d'auge, des épaulements, des plans d'épaulement ou des ravines de diffluence situés à des altitudes telles qu'il semble impossible, à première vue, que la température y ait permis une fonte de surface importante. Mais il faut tenir compte du fait que ces écoulements, s'ils se sont effectivement produits à l'altitude atteinte lors du pléniglaciaire du Mindel, ont pu avoir lieu bien après le moment de celui-ci, donc à une époque où la température s'était nettement adoucie. De plus, à chacune des glaciations suivantes, le glacier est remonté sensiblement à la même altitude et, après le moment de chaque pléniglaciaire, ses eaux glaciaires ont poursuivi l'œuvre d'érosion commencée au Mindel. Plus de détails à la page sur la convergence des altitudes des glaciers dans le haut des vallées. La connaissance de l'altitude d'apparition des eaux glaciaires se révèle nécessaire pour déterminer quel rôle elles ont joué dans la formation des vallées en auge. |
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