Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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Les lacs glaciaires |
Écrit par Claude Beaudevin | |||||||||||||||||
Dimanche, 28 Novembre 2010 13:13 | |||||||||||||||||
Nombreux sont les phénomènes géologiques susceptibles de donner naissance à des plans d’eau. C’est ainsi qu’on peut, entre autres, rencontrer des lacs :
Plus rarement les lacs peuvent avoir une origine tectonique (grands lacs africains, lac Baïkal, lac Vostok et, pour partie, Léman). Mais dans les montagnes qui abritèrent jadis des glaciers, ainsi que dans leurs plaines de piémont, ce sont essentiellement ceux-ci qui furent les artisans de la création des plans d’eau. Les glaciations quaternaires ont donné naissance, en effet, à la plupart des lacs de nos montagnes. Ces plans d'eau peuvent résulter d’actions d’ablation - c’est-à -dire avoir été creusés par les glaciers - ou être dus à des barrages morainiques, voire même à des barrages par le glacier lui-même. Les lacs dus à des actions d’ablation se nichent derrière les verrous, dans les ombilics creusés par les appareils de vallée ou au fond des cirques en fauteuil.
Énumérer les lacs de ce type serait fastidieux ! Ils constituent la majorité des lacs des Alpes et des Pyrénées. A elles seules, les vallées d'Espot et de Noguera de Tor (Parcs Nationaux des Encantats et des Aigües Tortes dans les Pyrénées espagnoles) abritent plus de 300 lacs de creusement et, pour sa part, le Parc National des Écrins en comprend plus d'une quinzaine. Des lacs plus importants tels ceux de Zurich et de Neuchâtel, par exemple, rentrent également dans cette catégorie. Les lacs de barrage morainiqueOn peut citer les lacs de Laffrey (Isère), de Longemer et de Retournemer (Vosges), le lac Sainte Anne (Hautes Alpes), ainsi que, dans le Jura, les lacs de Chambly, du Val et de Chalain.
Le lac du MiageOn connaît dans les Alpes quelques exemples de lacs de barrage par un glacier. Actuellement fort rares - lac du Miage dans le Val Veni (ci-dessous), lac de Märjelen en Valais - ces lacs étaient beaucoup plus nombreux aux temps glaciaires, où certains recouvraient, de très grandes surfaces. Le Trièves (Isère) était ainsi, pendant le Würm, entièrement occupé par un lac, dont le niveau s'établissait à 750 m environ, la basse vallée du Drac étant barrée, à l'aval, par le glacier de l'Isère. Le Val Veni, l'une des deux vallées débouchant sur Courmayeur, collecte les précipitations tombées sur la face sud du Mont Blanc. Il est barré par deux grands glaciers, ceux de la Brenva et du Miage.
On rencontre également parfois des lacs pro-glaciaires, situés à l'intérieur du vallum terminal, comme celui apparu en 1999 sur le front de la Mer de Glace et soumis, depuis, à surveillance. A l'intérieur des glaciers eux-mêmes peuvent également exister des poches d'eau, sortes de lacs intérieurs, qui se vident parfois de façon catastrophique, comme celle du glacier de Tête Rousse (Massif du Mont Blanc) en 1892. Mais leur étude sort de notre propos, car ils ne marquent pas durablement les paysages glaciaires. Certains plans d'eau, quoique dus à l'action des glaciers, occupent des emplacements prédisposés par la tectonique. Le glacier n'a fait ici que dégager une forme préexistante dans le substratum. La page sur les naissance et mort d'un lac donne quelques précisions sur ces épisodes. Le Léman mérite une mention spéciale : sa profondeur (300 mètres en dessous du niveau de la mer, mais 100 mètres encore plus bas pour le substratum rocheux) évoque, en plus d'un surcreusement et d'un barrage morainique, une cause tectonique à l'échelle alpine. Les lacs à origine multiple peuvent être dus :
De nombreux lacs ont pris naissance après le recul des glaciers, mais beaucoup d'entre eux ont disparu, remblayés par les sédiments et la végétation. Seuls ont pu subsister jusqu'à nos jours certains plans d’eau bénéficiant de conditions favorables :
À ces exceptions près, la plupart des lacs apparus lors de retrait des glaces ont été comblés, sur plusieurs centaines de mètres d'épaisseur parfois, par les alluvions. On reverra peut-être utilement ici la page sur les dépôts glacio-lacustres ainsi que celles-ci : et en particulier les pages consacrées aux lacs glaciaires du bassin du Drac (Isère) : ainsi que le site remarquable de Serge Soyez sur de très nombreux lacs alpins et pyrénéens.
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Mise à jour le Dimanche, 09 Novembre 2014 07:57 |