Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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La basse vallée de la Bonne |
Écrit par Claude Beaudevin | ||||||||||||
Mardi, 09 Novembre 2010 19:45 | ||||||||||||
Les versants d'érosion de la basse vallée de la BonneDans les environs immédiats de la Mure (Isère), au confluent de la Bonne avec le Drac, on peut observer deux versants d'érosion typiquement glaciaires :
Sur le croquis ci-dessous, où figurent ces versants d'érosion 1 et 2, nous avons également reporté le tracé de la langue terminale du glacier de la Bonne au maximum du Würm.
Nous pensons que l'existence des deux versants d'érosion peut s'expliquer par la présence du lac du Beaumont et le tracé de sa langue glaciaire et de ses moraines latérales. Examinons pour commencer le cas du versant du Bois Ribay, où le rôle de premier plan joué par les eaux latérales dans la création des versants d'érosion nous paraît évident. Le versant d'érosion du Bois Ribay
Nous proposons l'explication suivante de la formation de ce versant d'érosion : plaçons-nous au Würm, car il semble impossible que cette forme, d'importance somme toute limitée, puisse être plus ancienne. Le glacier de la Bonne se terminait alors par la classique falaise de glace subverticale tombant dans les eaux du lac et par des moraines lorsqu'il était en contact avec les flancs de la vallée. Voir ici des exemples de falaises de glace.
De même, dans le cas du glacier de la Bonne, les eaux de surverse du lac étaient repoussées contre la rive gauche du Drac, contre laquelle elles s'écoulaient, selon la flèche rouge 1 du croquis précédent. Ces eaux circulant entre le glacier (ou sa moraine frontale) et le versant, à une altitude inférieure à 870 m (lac du Beaumont au maximum du Würm) ont, selon nous, initié la formation du versant d'érosion. Il est évidemment impossible de savoir à quelle altitude précise, inférieure toutefois à 870 m, cette action a débuté, l'érosion postglaciaire ayant, depuis, agrandi le versant d'érosion jusqu'à ses dimensions actuelles. Le lac devait être soumis parfois à des vidanges brutales, génératrices d'érosions très intenses, ainsi que l'on pourra s'en assurer à la page du glacier Hubbard au glacier de la Bonne. En résumé, nous pensons donc que c'est l'érosion due à ce Drac du temps du Würm qui est responsable de l'initiation de ce versant d'érosion du Bois Ribay, remodelé ultérieurement jusqu'à nos jours par l'érosion postglaciaire. A titre d'illustration, nous présentons ce versant d'érosion tel qu'il se présente aujourd'hui... Voir avec Google Earth (coordonnées : 44°52'55" N, 5°47'32" E) (Si Google Earth n'est pas installé sur votre poste, suivez la procédure indiquée ici)
(image Google Earth)
... et tel qu'il pouvait se présenter à un stade du Würm :
Le versant d'érosion des ArssaysCe deuxième versant d'érosion, tout proche du précédent, (il est repéré 2 sur le croquis ci-dessus) nous présente un cas de figure très voisin. Son processus de formation semble en effet assez proche de celui que nous venons de décrire pour le Bois Ribay. Sur sa rive gauche, le glacier de la Bonne déposait en effet d'imposantes moraines latérales dont il subsiste des restes remarquables sous la forme de la moraine du Calvaire de la Mure et de la croupe de Péchaud. Entre ces moraines et le flanc droit de la vallée coulait - et coule encore à l'heure actuelle - la Jonche. Au Würm, cette rivière était beaucoup plus importante que le petit ruisseau actuel, car elle recevait l'apport des eaux glaciaires de la diffluence du glacier de la Romanche qui franchissait le Seuil de Laffrey. Appliquée par la langue terminale du glacier et sa moraine latérale droite contre le flanc de la vallée (flèche rouge 2 du croquis), la Jonche y a initié le versant d'érosion des Arssays. La moraine de Péchaud s'élève sensiblement à 928 m d'altitude. À quel niveau coulait, en contrebas de cette moraine, la Jonche initiatrice du versant d'érosion ? L'examen d'un certain nombre de glaciers des Alpes, occupant des vallées de pente similaire, nous a fourni des valeurs de l'ordre de 50 à 150 m. Au maximum du Würm, on peut donc penser que le sommet du versant d'érosion en cours de creusement devait se situer aux environs de 800 m. Ici aussi, c'est l'érosion postglaciaire qui l'a amplifié jusqu'à atteindre, à son sommet, l'altitude actuelle de 870 m. D'une manière analogue à celle du Bois Ribay, le versant d'érosion des Arssays nous semble pouvoir être dû à l'existence du torrent latéral qui coulait entre la moraine rive droite du glacier de la Bonne et le flanc de la vallée. On conçoit l'intérêt tout particulier que présentent ces deux versants d'érosion : la présence d'écoulements d'eau contre la paroi y est indiscutable, alors que dans d'autres cas, elle n'est qu'hypothétique, et leurs altitudes de départ - tout au moins dans le cas du Bois Ribay - est connue avec une certaine précision. De ce fait, leur existence vient conforter notre opinion selon laquelle la formation des versants d'érosion glaciaires est due en grande partie à des circulations d'eau (eaux glaciaires et, le cas échéant, écoulements de vidanges brutales de lacs). Remarques additionnelles
Notons enfin l'existence, sous le village de Ponsonnas, d'un ravin, sec à l'heure actuelle, celui de la Grande Combe, non représenté sur notre schéma. Sa formation nous paraît imputable à l'action des eaux de fonte latérales du glacier de la Bonne lors d'un stade de retrait responsable du dépôt de la petite moraine latérale du Clos du Puits. Le façonnement de ce ravin peut donc être rapproché de celle des ravines de diffluence. |
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Mise à jour le Lundi, 25 Juillet 2011 13:35 |