Textes, croquis et photos (sauf mention contraire) Claude Beaudevin (1928 - 2021) | Présentation et mise en page Bruno Pisano |
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La vallée de la Durance et ses affluents |
Écrit par Claude Beaudevin | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mardi, 21 Septembre 2010 17:46 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le glacier de la vallée de la DuranceLe graphique ci-dessous regroupe les différents points caractéristiques de la vallée de la Durance. Il convient de garder à l'esprit que la courbe doit être considérée comme joignant entre eux les points représentatifs des sites caractéristiques les plus élevés - c'est leur enveloppe, au sens mathématique du mot - et non comme une moyenne entre tous les points figurant sur le graphique. Dans ces conditions, on voit que les points représentatifs des sites caractéristiques les plus élevés de la Durance (D, marqués en rouge) se placent correctement par rapport à la courbe calculée à l'aide de la formule de Nye-Lliboutry jusqu'à Saint-Martin-de-Queyrières, où la vallée présente une étroiture. On peut voir également qu'en amont du confluent avec l'Ubaye, aucune variation de pente de la surface glaciaire n'est décelable. Sites caractéristiques de la vallée de la DuranceLes sites sont repérés D. L'origine des distances se situe à 7 km en amont de Sisteron, à l'altitude 570m.
le glacier würmien de la DuranceOn sait [Gidon et al, 1991] qu'il ne subsiste, dans le lit de la Durance, aucune trace du vallum frontal du maximum glaciaire würmien (stade du Grand-Bois) , qui devait se situer quelques kilomètres au nord de Sisteron (altitude estimée du front du glacier = 570 m). Ultérieurement, un stationnement prolongé un peu plus en amont nous a légué le beau vallum frontal du Poët. Ainsi que le montre le graphique précédent, la formule s'applique très correctement dans la vallée, au moins jusqu'au rétrécissement de Saint-Martin-de-Queyrières. Ceci n'a rien d'étonnant, dans une vallée aussi large (10 km, avec seulement deux rétrécissements à 3 et 4 km). La formule montre qu'à Gap, les glaces atteignaient 1450 m au stade du Grand Bois et 1400 m à celui du Poët. Au nord de cette ville la diffluence du glacier au-dessus du col Bayard se traduisait par l'existence d'une selle glaciaire vers 1500 m d'altitude au stade du Grand Bois et 1450 m à celui du Poët. L'examen des moraines dans les environs de Gap confirme plutôt cette altitude de 1450 m [Gidon et Monjuvent, 1969]. On peut par ailleurs remarquer que le glacier würmien n'est jamais passé par le col de Moissière (1571 m) où subsistent des dépôts glaciaires rissiens. Une autre branche du glacier empruntait la vallée de la Durance par Rémollon, trajet plus court de 7 km que celui passant par Gap. Ici la vallée est plus étroite (1,5 à 2 km) et les effets de paroi se faisaient sentir, majorant la pente de surface du glacier par rapport à ce qu'indiquerait la formule. Nous avons donc utilisé, pour appliquer celle-ci, les distances mesurées en suivant le sillon de Gap et non la vallée de la Durance elle-même, ainsi que nous y autorisent d'ailleurs les recoupements que l'on peut effectuer avec l'altitude des sites caractéristiques situés plus en amont. Plus de détails sur cette région particulièrement intéressante sont indiqués dans la page sur les environs de Gap. C'est ainsi que, rive droite de la Durance, au-dessus d'Embrun, une petite moraine latérale porte la cabane forestière de Pré Clos à l'altitude de 1830 m (site D2), soit exactement la cote que donnerait la formule appliquée à un glacier ayant sa langue terminale au Grand Bois, à 7 km en amont de Sisteron, les distances étant mesurées le long du sillon de Gap. Une autre confirmation de la validité de l'application de la formule est fournie par l'existence, sur la rive opposée de la Durance, d'une moraine latérale à l'entrée de la vallée de Crévoux, dans la forêt du Méale (site D1). Comme celle de Pré Clos, elle est située dans un site protégé et son altitude est, à 10 m près, celle prévue par la formule (1820 m). On voit que, jusqu'à Saint-Martin-de-Queyriéres, les points du graphique - marqués en rouge - se placent remarquablement bien par rapport à la courbe déduite de la formule - la vallée présente en effet partout une largeur suffisante - et que les vallonnements du col des Combes (site D6), se sont formés lors d'un stade de retrait. Plus en amont, les dépôts du Mélèzin (site D11) se situent un peu au-dessus de l'altitude calculée, sans doute à cause d'une zone à effet de paroi vraisemblable à Saint-Martin-de-Queyrières où la largeur de la vallée s'abaisse à 2,5 km. À Briançon, l'altitude du glacier würmien devait être égale ou légèrement supérieure à 2150 m. L'extension maximum du glacier rissien dans la vallée de la DuranceIl ne reste aucune trace du vallum frontal de ce glacier dans la vallée même de la Durance, et, en l'absence de crêtes morainiques bien marquées, il n'est pas possible de connaître de façon certaine le niveau du glacier. Une détermination approchée est cependant possible, grâce à quelques dépôts glaciaires qui subsistent :
Les vallées sont partout assez larges pour que l'on puisse utiliser la formule, mais l'altitude exacte du front du glacier nous est inconnue. Nous avons cependant tenté un essai de reconstitution de la surface glaciaire compatible avec la situation de ces quatre dépôts et avec ce que nous connaissons de l'avancée maximum du glacier du maximum dans les vallées affluentes. La solution qui nous semble la plus vraisemblable est la suivante :
Selon la règle appliquée dans ce site, le glacier s'élevait donc à quelques dizaines de mètres au-dessus de ce sommet, soit à une altitude de l'ordre de 1640 m.
Les glaciers des affluents de la DuranceLes sites caractéristiques des affluents, repérés DA, sont moins instructifs que ceux de la Durance elle-même ; ils se situent au-dessus de ceux de la vallée principale, ce qui est normal, les pentes des glaciers affluents étant toujours plus élevées que celle du glacier principal, car ils circulent dans des vallées moins larges. Sites caractéristiques des affluents de la DuranceLes sites sont repérés DA. L'origine des distances se situe à 7 km en amont de Sisteron, à l'altitude 570m.
La GuisaneEn amont de Briançon, il devient difficile de déterminer quelle est la glaciation responsable des formes rencontrées : les vallées deviennent trop étroites pour que la formule puisse s'appliquer et les moraines susceptibles d'être datées font défaut. Notons toutefois que, à plus de 100 km des fronts glaciaires, les altitudes des surfaces des glaciers rissien et würmien devaient, ainsi que nous l'avons dit, être assez peu différentes. Dans les vallées de la Guisane et de son affluent le Petit Tabuc, les sites que nous avons pu identifier, joints à ceux de la Haute Romanche, nous permettent de penser que la selle glaciaire du col d'Arsine émettait, ainsi que nous l'avons dit, deux flots de glace :
Les environs du col du Lautaret
La différence des altitudes des sites sur les deux versants du col du Lautaret laisse à penser qu'au Riss ainsi qu'au début du Würm, l'altitude du col était nettement supérieure à sa valeur actuelle. Lors de la dernière décrue glaciaire la diffluence du Lautaret, qui n'intéressait que la partie supérieure du glacier de la Romanche, a logiquement pris fin assez rapidement, alors que les glaciers de vallée étaient encore assez actifs. Ceci permet d'expliquer deux particularités du relief local :
Les sillons de la Marionnaise
On voit enfin qu'au pléniglaciaire ce glacier du Petit Tabuc se raccordait à celui de la Guisane par une chute de séracs haute de 300 mètres environ entre les sites des Planes du Dégoulou (D10) et Sous la Latte (D14).
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Mise à jour le Vendredi, 16 Mars 2018 19:11 |