Altitude atteinte par les glaciers dans...
La vallée de l'Eau d'Olle et ses affluents Imprimer
Écrit par Claude Beaudevin   
Lundi, 25 Avril 2011 19:01
Version 108

En deux mots

Cette page comporte un graphique donnant :

  • l'altitude de la surface du glacier de vallée de l'Eau d'Olle,

  • l'altitude de la surface de quelques-uns de ses glaciers affluents,

  • deux tableaux décrivant les sites caractéristiques de ces vallées,

  • des commentaires sur un certain nombre de ces sites particulièrement remarquables.

 

NOTE IMPORTANTE

Pour permettre le report sur un même graphique de tous les sites quelle que soit leur nature, leurs altitudes ont été majorées (par application des règles exposées à la page  sur l'altitude atteinte par les glaciers) de 50 m pour les sillons vallonnés (SV), les sillons rocheux (SR), les roches moutonnées (RM) et les sommets d'épaulement (SE).

N'oublions pas l'effet des mouvements orogéniques et isostasiques.

Les altitudes ainsi majorées, indiquées dans la colonne "Alt Glac" des tableaux ci-après, définissent le niveau maximum atteint par les glaces.

La courbe "Würm calculé" est obtenue par application de la formule de Nye-Lliboutry, en prenant en compte une origine située 40 km en aval de Grenoble, à l'altitude de 200 m,

La courbe " Riss calculé" est, de même, obtenue en prenant en compte une origine située 56 km en aval de Grenoble, à l'altitude de 250 mètres.

Dans cette figure, ainsi que dans la suivante, nous avons pris en compte les valeurs déterminées par G. Monjuvent.

Altitude atteinte par les glaciers de l'Eau d'Olle et de ses affluents

Voici maintenant le graphique propre à l'Eau d'Olle, dans lequel les courbes représentant la surface des glaciers würmien et rissien sont déduites de l'observation des sites caractéristiques et ne sont pas le résultat de calculs.

Altitude des glaciers de l'Eau d'Olle

Il convient de garder à l'esprit que les courbes doivent être considérées comme joignant entre eux les points représentatifs des sites caractéristiques les plus élevés - c'est leur enveloppe, au sens mathématique du mot - et non comme une moyenne entre tous les points figurant sur le graphique.

Sites caractéristiques de la vallée de l'Eau d'Olle (Repérés E)...

 
Les Alpes du nord
 Les Alpes du nord
 

Légende du tableau

 

Rep

Site

Alt (m)

Alt glac (m)

Type

Nb

Larg (km)

Pente (%)

Dist (km)

Carte TOP25

Carte géol

Coordonnées WGS84

E1

Le Chazeau

1750

1750

Mor

-

-

-

82

3335ET

Vizille

32T 266200 5004250

E2

Le Bessey

1870

1870

Mor

-

-

-

83

3335ET

Vizille

32T 265600 5005050

E3

Le Collet

1850

1850

D

-

-

-

83

3335ET

Vizille

32T 268800 5005300

E4

Chalet d'Articol

1880

1980

SRE SVE

9

0,3

Hor

86

3335ET

Domène

32T 265700 5007800

E5

Coldu Sabot

2170

2270

SRD SVD

5

0,7

Hor

94

3335ET

Doméne

32T 273000 5008500

E6

Rochers Mottas

2220

2220

Mor

-

-

-

94

3335ET

Doméne

32T 272800 5008600

E7

Lac de la Coche

1970

2070

SRE

5

0,4

-

89

3335ET

Doméne

32T 267000 5011500

E8

Tête des Cos

2220

2270

RM

-

-

-

99

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 277200 5014100

E9

Les Chansures

2270

2370

SRE SG

>8

0,7

Hor

102

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 280600 5013100

E10

Col de Bellard

2233

2233

D

-

-

-

102

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 281100 5014100

E11

Plateau de Bellard

2230

2280

SVD

>6

0,8

Hor

101

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 280500 5014100

E12

Le Carrelet

2150

2200

SVE

>3

0,3

-

99

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 277200 5013300

E13

Le ChazeauSupérieur

1835

1835

Mor

-

-

-

82

3335ET

Vizille

32T 266000 5004150

E14

Montfroid

2280

2330

SE

-

-

-

98

3335ET

St Jean de Maurienne

32T 270900 5010800

 

... et de ses affluents (repérés EA)

Légende du tableau

 

Rep

Site

Alt (m)

Alt glac (m)

Type

Nb

Larg (km)

Pente (%)

Dist (km)

Carte TOP25

Carte géol

Coordonnées WGS84

EA1

Pas de la Coche

2060

2160

SRD

8

0,8

Hor

89

3335ET

Domène

32T 267000 5011600

EA2

Belle Etoile

2160

2210

SVE

8

0,3

Hor

90

3335ET

Domène

32T 268200 5012350

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Quelques sites remarquables de la vallée de l'Eau d'Olle

L'alpage du Chazeau

Rive droite de l'Eau d'Olle, au-dessus d'Allemont, la carte géologique [feuille Vizille au 1/50000e] indique que l'alpage du Chazeau est formé de terrains glaciaires post würmiens. À l'examen, il apparaît bien toutefois que seule sa partie médiane soit postérieure au retrait de l'appareil de vallée : la forme et la granulométrie sont en effet typiques d'une moraine de névé et la végétation n'a pas eu le temps d'envahir ce chaos rocheux.

Mais il en va différemment pour la partie sud de la terrasse : la formation morainique qui entoure le chalet du Chazeau n'est pas dominée par des pentes susceptibles de l'avoir alimentée et elle est bien colonisée par la végétation. Il s'agit donc sans doute là de la moraine latérale du glacier würmien de l'Eau d'Olle, ce que confirme son altitude de 1750 m (site E1).

Un peu plus au nord sur le même alpage du Chazeau, sous le Pas du Bessey, s'étend, à l'altitude de 1870 m (site E2), une autre terrasse, absolument horizontale. Elle n'est pas dominée par des pentes qui auraient pu l'alimenter et elle est parfaitement colonisée par la végétation. On peut penser qu'il s'agit là de la moraine rissienne ou würmienne très ancienne (60 à 75 ka) du glacier de l'Eau d'Olle, la différence de niveau de 120 m avec la terrasse sous le refuge du Chazeau (site E1), présumée würmienne, étant bien dans la norme.

Une autre terrasse (site E13) - utisée jadis par le curé d'Allemont pour célébrer la messe des alpages - existe d'ailleurs au-dessus de celle du Chazeau, et son altitude de 1835 m la situe bien dans le prolongement de celle, supposée rissienne, du Bessey.

De l'autre côté de la vallée de l'Eau d'Olle, exactement en face du Chazeau, un lambeau de terrain glaciaire - non représenté sur la carte géologique Vizille au 1/50000e - subsiste, à l'altitude de 1850 m, très sensiblement donc au même niveau que la terrasse du Bessey. Il se situe à cheval sur l'arête qui descend du Rissiou vers la cheminée d'équilibre EDF, au-dessus du Collet (site E3). Son versant est (vallée du Flumet) ne comporte que des éléments de gneiss, alors que son versant ouest (vallée de l'Eau d'Olle) est parsemé de blocs de granite des Sept Laux qui n'ont pu être déposés ici que par le glacier de vallée. Il nous paraît donc probable que ce placage de moraine atteste de la rencontre en ce lieu des glaciers rissiens des deux vallées du Flumet et de l'Eau d'Olle.

Plus en amont dans la vallée, le Pas de la Coche (1989 m) présente un ensemble remarquable de sillons rocheux répartis en deux faisceaux superposés s'étageant de 1930 m à 2060 m. En dessous du Pas de la Coche, le faisceau inférieur comprend 5 gorges principales (1930 à 1970 m), dont la plus élevée abrite le petit lac de la Coche (site E7), accompagnées d'un grand nombre de gorges de petite taille, toutes dirigées à 225°. Au-dessus du col, les sillons du faisceau supérieur culminent à 2060 m (site EA1) et sont orientés à 250°. Ils traduisent un passage de glace du glacier de Belle Étoile en direction de la vallée de l'Isère.

 

Le col des Sept Laux (Isère)

Ce col se présente comme un vaste plateau, agrémenté de lacs en nombre d'ailleurs nettement supérieur à sept. Il était, bien entendu, occupé par un glacier. Mais sur quel versant du col, Eau d'Olle ou Bréda, s'évacuaient les glaces ?

La carte ci-dessous fournit une altitude de l'ordre de 2150 m pour la surface du glacier au droit du col des Sept Laux. Celui-ci cote 2184 m, valeur à laquelle, pour obtenir l'altitude de la surface du glacier, il faut rajouter l'épaisseur de la glace, ce qui nous amène à dépasser largement 2300 m. Le bassin d'alimentation de ce glacier "perché", qui s'étendait sur le plateau du col, était en effet relativement important, sa surface étant voisine de 12 km² (soit, par exemple, le même ordre de grandeur que celui de l'actuel Glacier Blanc en Vallouise). Et ce glacier local présentait une ampleur suffisante pour pouvoir creuser des lacs de bonnes dimensions ! Une remarque analogue peut être faite de l'autre coté du col, vers le glacier du Bréda.

En conclusion, les glaces s'écoulaient sur les deux versants et il existait sur ce col des Sept Laux une selle glaciaire comparable à celle du col d'Arsine ou encore au Seuil des Rochilles.

Les Sept Laux, en Isère

Voir avec Google Earth (coordonnées : 45°13'21" N, 6°4'49" E)

(Si Google Earth n'est pas installé sur votre poste, suivez la procédure indiquée ici)

Plus haut dans la vallée, dans les environs immédiats des cols du Glandon et de la Croix de Fer, deux sites présentent des formes particulièrement intéressantes :

  • les stries glaciaires que porte, à 2220 m d'altitude, le contrefort est de la Tête des Cos (site E8) (massif des Aiguilles de l'Argentière). Descendant du sud-ouest vers le nord-est, elles indiquent qu'une partie de la glace qui remplissait la haute vallée de l'Eau d'Olle s'écoulait vers la Maurienne par le col du Glandon (1924 m),

  • les sillons rocheux d'orientation 110° qui entaillent le contrefort sud-ouest de l'Ouillon sur le plateau des Chansures (site E9) ainsi que les petits lacs qui l'agrémentent et qui dénotent de même un écoulement de glace vers la Maurienne par le col de la Croix de Fer (2064 m).

Notons que les dépôts glaciaires du col de Bellard (site E10) sont datés du Würm par la carte géologique Saint-Jean-de-Maurienne au 1/50000e.

 

La vallée de Vaujany (Isère)

Dans la vallée de Vaujany, où coule le Flumet, affluent de l'Eau d'Olle, le col du Sabot (2100 m) présente, lui aussi, un relief typique de sillons rocheux et vallonnés (site E5). On y rencontre également des roches moutonnées, signature indiscutable du passage d'un glacier. La différence des surfaces et des altitudes des bassins versants de chaque côté du col, ainsi que la pente longitudinale de la moraine des Rochers Motas (site E6), montre que c'est un glacier descendu de la partie nord des Grandes Rousses, qui diffluait par-dessus le col du Sabot. La présence, au-dessus du col du Sabot de cette crête morainique des Rochers Motas, culminant à 2220 m indique que le glacier atteignait à peu près ce niveau, 50 m au dessus du fond du sillon le plus élevé.

Le versant sud-est des Aiguillettes de Vaujany se présente sous la forme d'un versant d'érosion particulièrement impressionnant. Si l'on extrapole ici les observations effectuées sur les versants d'érosion glaciaires de l'ombilic de Bourg d'Oisans on constate que la surface du glacier devait dépasser de quelques dizaines de mètres celle du sommet E15 de ce versant d'érosion, ce qui nous fournit une altitude de l'ordre de 2550 à 2600 m.

Regroupant ces divers sites, la carte suivante montre le cheminement des glaciers rissiens (MEG) dans cette vallée de l'Eau d'Olle. Elle met en évidence l'existence d'une selle glaciaire triple, située entre le lac de Grand'Maison et le col du Glandon et alimentée par les glaciers en provenance du Pic de l'Etendard. De cette selle émanaient trois courants de glace qui se déversaient dans la vallée de l'Eau d'Olle et, en diffluant par les cols du Glandon et de la Croix de Fer, dans celles du Glandon et de l'Arvan, affluents de l'Arc. L'altitude de cette selle glaciaire peut être estimée à 2350 m très approximativement ; cette valeur résulte en effet de la prise en compte des seuls sites E14 et E15 et ne peut donc être définie avec une grande précision.

L'Eau d'Olle au Riss

 

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Mise à jour le Vendredi, 16 Mars 2018 18:35