Coins de glace, formes de cryoturbation et pipkrakes Imprimer
Écrit par Claude Beaudevin   
Jeudi, 11 Août 2011 17:43
Version 86

Les deux premières formes présentées ici sont fossiles, alors que la troisième se construit encore de nos jours dans les climats froids et en haute montagne.

Les coins de glace

Formation d'un coin de glace

 

Coins de glace

Voici des coins de glace. Ce sont des fentes verticales ouvertes dans le sol gelé, qui, s'élargissant progressivement à leur partie supérieure chaque hiver, se remplissaient en été d'éléments fins apportés par le vent.

De tels coins de glace se rencontrent dans le nord de la France ainsi que dans la baie de Brest, dans la Petite Crau (Bouches-du-Rhône) ou encore sur les plages d'Irlande comme c'est le cas ici.

Espacement des coins = 1 m environ.

 

Les formes de cryoturbation

cryoturbation ou gélifluxion

Maintenant, un exemple de cryoturbation : il s'agit de la couverture du front de taille d'une petite carrière, dans le Trièves (Isère).

A la fin du Würm, sous une croûte gelée (plus claire sur la photo), les sédiments meubles sous-jacents ont été expulsés par la pression causée par le gel. Ils sont remontés vers la surface, donnant naissance à cette forme curieuse.

Largeur de la zone photographiée = 2 m environ.

 

et les pipkrakes

En hiver, au sortir d'un refuge, dans le froid du jour naissant, le skieur de randonnée remarque parfois une formation curieuse : le sol du sentier est tapissé de fines aiguilles de glace pure, hautes de quelques centimètres et qui portent fréquemment sur leur tête un « chapeau » constitué par un petit caillou. Sous les pas du randonneur, les aiguilles se brisent dans un léger cliquetis. Ce sont les pipkrakes.

Pipkrakes

 
Pipkrakes

 

Pipkrakes

Ces pipkrakes ont pris naissance au cours de la nuit, de la manière suivante :

  1. le gel nocturne, agissant sur un sol dégelé au cours de la journée précédente, a entraîné la formation d'une croûte compacte, sauf aux emplacements des petits cailloux, qui jouaient le rôle d'isolant.

  2. un peu plus tard, le gel pénétrant plus profondément, l'eau du sol a été expulsée, un peu à la manière d'une pâte dentifrice hors de son tube, en formant des aiguilles de glace perpendiculaires à la pente, surmontées souvent par les cailloux.

On observe principalement ces pipkrakes au-dessus de la limite supérieure des forêts, mais cela ne veut pas dire qu'il ne s'en forme pas plus bas. Simplement elles sont masquées alors par les feuilles séches tombées sur le sol, voire même enfouies sous la mousse. Ce phénomène, fréquent au cours des époques glaciaires, peut paraître quelque peu anecdotique, mais certains auteurs pensent qu'il a pu jouer un rôle important dans le mode d'érosion périglaciaire. À chaque cycle gel-dégel, les cailloux soulevés retombaient en effet sur la pente encore gelée et roulaient vers le bas. On conçoit que, répétée un très grand nombre de fois, cette forme minuscule d'érosion finisse par prendre une certaine importance.

On ne confondra pas les pipkrakes avec les aiguilles de givre, que l'on rencontre parfois dans leur voisinage. Le givre résulte du dépôt, sur les feuilles, les branches, etc, de l'humidité atmosphérique. L'humidité passe de l'air sur les surfaces exposées. Dans le cas des pipkrakes, au contraire, c'est l'humidité du sol qui apparaît en surface .

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