Ravinements dus à l'action des eaux glaciaires franchissant sur une grande longueur l'arête séparatrice entre deux vallées Imprimer
Écrit par Claude Beaudevin   
Jeudi, 30 Octobre 2014 20:33

Version du 15 novembre 2014

Pour faciliter les comparaisons, nous présentons à nouveau les images des ravinements qui figurent à la page sur les ravinements, œuvre des glaciers, accompagnées ici de commentaires plus complets.

... ou ravinements du Type D

Dans le cas où, par contre, la crête, horizontale ou inclinée, est franchie en divers points par les eaux glaciaires, successivement ou simultanément, celles-ci donneront naissance à une série de ravines issues des différents points de la crête, qui peuvent présenter deux faciès : D1 et D2.

Le faciès D1 comporte de nombreuses ravines juxtaposées partant de la crête, alors que le faciès D2 concerne des ravines séparées les unes des autres.

Le ravinement de la Tête des Filons

Voici d'abord un premier exemple de ravinement du faciès D1 qui se situe sur une arête à peu près horizontale, l'arête Nord du Petit Renaud, vers le Col d'Ornon (Isère), qui réunit Les Pales à la Tête des Filons.

Les eaux du glacier qui occupait la face Nord du Petit Renaud et du Grand Renaud coulaient ici vers 2400 m et se sont déversées vers l'ouest en franchissant cette crête.

Sur l'image ci-contre, où les ravinements sont maintenant vus de face, on voit que les ravines partent de la crête, puis descendent verticalement avant de se réunir un peu plus bas.

 

Le ravinement de Manteyer

Comme second exemple de ce faciès D1, nous citerons le ravinement de Manteyer, qui ravine le versant est de l'arête nord-est de la Montagne de Céüse (Hautes-Alpes). Il est formé de nombreuses ravines partant de la crête, suivant la pente de celle-ci, ce qui les différencie des ravinements du précédent exemple, dans lequel les ravines prenaient naissance à la même altitude.

Ce ravinement de Manteyer va nous permettre de comprendre comment, selon nous, s'est façonné ce type de relief.

Le ravinement de Manteyer dans les Hautes-Alpes
Image sensible au passage de la souris

Le ravinement de Manteyer est le seul ravinement qui marque le versant extérieur de la Montagne de Céüse, long de 10 km. Or la nature géologique du terrain est la même sur toute cette longueur et il ne présente aucune faille. Ce n'est donc pas un facteur d'ordre géologique qui est à l'origine de l'emplacement du ravinement.

D'autre part, en l'absence de cours d'eau à sa base susceptible d'avoir évacué les produits résultant du creusement du ravinement, il ne nous semble pas possible d'attribuer à l'érosion régressive la formation de celui-ci. On peut sans doute lui imputer seulement de légères retouches, postérieures à sa création.

Seule une arrivée d'eau importante provenant du glacier intérieur de la Montagne de Céüse et franchissant l'arête nord-est de la corniche nous paraît susceptible d'expliquer la formation et les caractéristiques de ce ravinement remarquable.

L'historique nous semble être le suivant :

      • Au cours du Mindel, la Montagne de Céüse hébergeait un glacier qui, à sa partie inférieure, rejoignait la calotte durancienne. L'examen de la carte au 1/25 000 montre l'existence, sur l'arête nord-est, d'un sommet d'épaulement à 1820 m. L'altitude de la surface glaciaire était donc ici, au pléniglaciaire, voisine de 1870 m et les eaux glaciaires latérales coulaient vers 1720 m/1770 m. Ces eaux glaciaires franchissaient alors l'arête nord-est à cette altitude. Ce sont elles qui, d'après nous, ont donné naissance, dans le versant est, au ravinement qui, à l'époque de sa formation, culminait donc à cette altitude.

      • L'altitude actuelle du sommet du ravinement, 1750 m, se place bien entre ces deux valeurs. Ce sont donc bien les eaux glaciaires du glacier du Mindel qui ont donné naissance à ce ravinement, peu retouché ultérieurement par l'érosion régressive.

      • Plus tard, au cours du cataglaciaire, les niveaux des glaciers ont commencé à baisser, ainsi donc que l'altitude d'écoulement de leurs eaux glaciaires latérales. Celles-ci ont donc franchi l'arête nord-est de plus en plus bas, en donnant naissance, à chaque stade de repli, à une nouvelle ravine.

Ces ravines, toujours bien visibles, ont donné au ravinement de Manteyer sa physionomie actuelle de paysage typique de ravinement de faciès D1.

Intéressons-nous à présent au faciès D2, dont nous rappellerons qu'il comporte un faible nombre de ravines ou de ravins, bien individualisés. 

Voici par exemple celui-ci, formé de deux ravines, qui se situe près de La Bolline-Valdeblore (Alpes-Maritimes) :

Les ravines de La Bolline-Valdeblore (Vésubie, Alpes-Martimes)

 
Un autre exemple de ravinement de ce faciès D2, à une échelle toute différente, est constitué par ces deux ravins creusés par les eaux du Glacier Lombard dans la Roche de Casse (arête sud-est de l'Aiguille du Goléon (Hautes-Alpes)).
Les ravines du Goléon dans les Hautes-Alpes

Autres types de ravinements

Nous avons également identifié d'autres types de ravinements dus à l'action des glaciers et à l'écoulement de leurs eaux glaciaires, comme :

ainsi que des ravinements non dus à un glacier de vallée.

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Mise à jour le Dimanche, 17 Décembre 2017 14:15