Les formes d'érosion régressive Imprimer
Écrit par Claude Beaudevin   
Dimanche, 13 Novembre 2011 18:28
Version 135 du 18 octobre 2011

Les chalanches

Examinons à présent le cas des ravinements dus à l'érosion régressive, c'est-à-dire "per ascensum" à la différence de l'érosion par les eaux courantes, qui, elle, agit dans le dans le sens descendant. L'érosion régressive résulte en général d'un abaissement du niveau de base, qui lui-même peut avoir plusieurs origines, par exemple :

  • baisse du niveau d'un océan, dans le cas de rivières ou de fleuves qui s'y déversent (par exemple la gigantesque érosion régressive qui a affecté les lits du Nil et du Rhône lors de la vidange partielle de la Méditerranée au Messinien (paroxysme entre 6 et 5.3 millions d'années). Voir à ce sujet la crise de salinité messinienne de Méditerranée,

  • vidange totale ou partielle d'un lac, en particulier d'un lac glaciaire. L'érosion régressive peut prendre alors naissance à la partie haute du talus de progradation (foreset beds) lorsque celle-ci apparaît à l'air libre.

D'autres érosions régressives, qui se rencontrent dans des terrains fragiles, ne sont pas alimentées par un cours d'eau mais par un ruissellement diffus, dù eaux eaux météoriques, la partie supérieure du ravinement jouant le rôle d'entonnoir de réception.

Erosion régressive du Doron de Pralognan (Savoie)

Cette érosion régressive de la rive droite du Doron de Pralognan, sur Chambéranger (Savoie) est due à l'action du Doron à sa base.

 

 

Lorsque ces ravinements atteignent des dimensions hectométriques, voire kilométrique, ils prennent le nom de "chalanche" ce terme désignant ce type de relief dans les Alpes du Sud et les Alpes du Dauphiné. Voici par exemple la chalanche de Tigéne, dans la vallée de la Tinée.


 

Les chalanches présentent un certain nombre de traits communs avec les ravins, mais elles en diffèrent par leur mode de formation.

La Chalanche de Tigéne dans la vallée de la Tinée (Alpes Maritimes)

Rappelons d'abord quelques-unes des causes - que nous appellerons « amorçage » - qui peuvent, entre beaucoup d'autres, donner naissance à une érosion régressive :

  • une attaque fluviatile, par exemple par un méandre entaillant le bedrock ou simplement par les caprices de la hiérarchisation des ravinements dans les marnes du bas d'un versant,

  • un éboulement local d'une falaise,

  • une rupture de la continuité d'une barre rocheuse, liée en particulier à son décalage par une faille,

  • une torsion anticlinale de la barre rocheuse.

  • dans des terrains très fragiles, chute d'un arbre, ouverture d'une piste

  • mais aussi, selon nous, une initiation par un flux d'eaux glaciaires.

Les Gorges du Baconnet dans le Vercors (Isère)

Un des exemples qui nous paraît le plus convaincant de cette dernière cause d'initiation nous est fourni par la chalanche des Gorges du Baconnet. Ce relief, particulièrement remarquable, est visible sur la route des Alpes, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Grenoble, passé le col du Fau. L'intérêt présenté par ce relief étonnant est tel que nous lui avons consacré une page spéciale : les Gorges du Baconnet.

  • le ravin de Farnaud, situé au sud de l'épaulement de Berrièves sur le versant est du Crêt oriental du Vercors n'est pas une chalanche due à l'érosion régressive, il s'agit d'un ravin causé, selon nous, par des eaux glaciaires.

Au pied du Rocher de Séguret, le contrefort qui porte l'épaulement de Berrièves domine un ravinement très marqué, le Ravin de Farnaud, qui prend naissance à l'altitude 1690 m. Ce ravinement trahit l'existence passée d'un important afflux d'eau qui, à cet endroit, ne peut être que d'origine glaciaire.

Ce sont les eaux longeant le Crêt Oriental - en particulier celles du petit glacier de Berrièves, dont la rive droite s'appuyait sur ce contrefort - qui s'écoulaient par une brèche encore bien visible et qui ont créé ce ravin. Ultérieurement, il a été soumis à une érosion régressive qui lui a donné son aspect actuel. Le fait qu'il culmine à un sommet d'épaulement plaide bien pour une origine glaciaire.

  •  

    Quant au ravinement, aujourd'hui colonisée par la végétation, qui s'inscrit dans la face sud de La Peyrouse, dans la montagne du Conest, au dessus de La Mure (Isère), Il s'agit d'un ravinement du type B, dû aux eaux glaciaires. Voir à ce sujet la page les ravinements, œuvre des glaciers

     

Chalanche de La Peyrouse au dessus de La Mure (Isère)

 

Pour les généralités sur les ravinements d'origine glaciaire...

 

Pour en savoir plus sur :

 

Quant à la page du sceptique, c'est ici !

Haut de page

Il s'agit d'un ravinement du type B (voir à ce sujet la page les ravinement, œuvre des glaciers)
Mise à jour le Jeudi, 18 Janvier 2018 09:11